Enquête exclusive - Argent, trafic, débrouille : les secrets des camps roms
Les Roms sont l'une des communautés les plus fermées de France, l'une des plus décriées aussi. Pourtant, ils ne sont que 20 000 sur notre territoire, à peine 0,02 % de la population. Mais leurs camps en lisière des villes et leur mode de vie clanique dérangent. Nantes et sa périphérie comptent soixante-et-un campements roms, dont le plus grand de France : la Prairie de Mauves. Huit cents Roms s'y sont installés illégalement il y a cinq ans. Immersion dans cette véritable ville dans la ville, avec son église, son garage, son bar et sa centaine de caravanes. Les conditions de vie y sont très précaires. La moitié des habitants travaille chez les maraîchers des alentours. Car on ne le sait pas forcément, mais ce sont les Roms qui font tourner les exploitations de la région ; leurs salaires font vivre le reste de la communauté. Certains membres ont, eux, pris le chemin de la délinquance. Vols, trafics, leurs larcins rapportent parfois l'équivalent d'un SMIC par semaine. Ce voisinage entraîne la colère des riverains qui les accusent de tous les maux : dégradations, cambriolages, insultes. Une tension particulièrement flagrante à Moissac, dans le Tarn-et-Garonne. Cette ville de 30 000 habitants est surnommée la “Capitale du fruit”. Dans ses exploitations, 85 % des ouvriers sont des Roms originaires de Roumanie ou de Bulgarie. Moissac est la ville où la densité de Roms est la plus élevée de France. Ils représentent 12 % de la population et contrairement à Nantes, ils habitent dans le centre-ville, dans des appartements. Mais la cohabitation entre Roms et Moissagais devient de plus en plus difficile et la police municipale de la ville, administrée par le Rassemblement National depuis les dernières élections municipales, est aux aguets. La mairie a fait installer des caméras de surveillance devant les commerces des membres de la communauté, une attention de tous les instants que les Roms jugent abusive. Pendant trois mois de l'année, l'été, les Roms repartent en Roumanie ou en Bulgarie, où leurs conditions de vie sont beaucoup moins précaires. Chez eux, ils sont propriétaires de grandes maisons à l'architecture souvent bling-bling : la tradition veut qu'ils fassent construire dans leurs villages d'origine une habitation pour chacun de leurs fils. Mais dès septembre, tous reprennent le chemin de la France pour travailler sur les exploitations agricoles, les salaires y sont quatre fois plus élevés que chez eux.
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