C dans l'air - Immigration, sécurité : les paris risqués de Retailleau

Peu avant l'ouverture mercredi des discussions à l'Assemblée sur le projet de loi finances de 2025, le nouveau locataire de Matignon a laissé ses ministres ouvrir un deuxième front sur autre sujet éruptif : l'immigration. "Il faudra une nouvelle loi", présentée possiblement "début 2025", a ainsi annoncé dimanche sur BFMTV la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon. A peine un an après la loi immigration de Gérald Darmanin, qui avait fracturé la majorité à l'Assemblée nationale, l'exécutif veut remettre le sujet en débat autour d'une mesure phare martelée par Bruno Retailleau : l'allongement de la durée de rétention des étrangers en situation irrégulière jugés dangereux, dans le sillage de l'affaire Philippine. Une des pistes envisagées est de faire passer la durée maximale actuelle de 90 à 210 jours, ce qui n'est possible pour le moment qu'en matière d'infractions terroristes. Le ministre de l'Intérieur veut également reprendre les dispositions de la précédente loi adoptée à l'Assemblée en décembre dernier avec les voix du RN, qui avaient ensuite été censurées par le Conseil constitutionnel, notamment le durcissement des conditions d'accès au regroupement familial, l'allongement de la durée nécessaire pour recevoir les allocations familiales ou encore la réintroduction d'un délit de séjour irrégulier. Il souhaite par ailleurs transformer l'aide médicale d'État qui permet aux étrangers en situation irrégulière présents en France depuis plus de trois mois de bénéficier d'une prise en charge des soins (seulement de maladie, de maternité et le forfait hospitalier), en une aide médicale d'urgence aux contours drastiquement réduits. Autant d'annonces qui ont fait bondir dans la macronie. "On a adopté une loi il y a moins d'un an sur l'immigration, avec des mesures dont certaines ne sont pas encore en vigueur puisque les décrets ne sont pas encore sortis", a fait remarquer Gabriel Attal sur France Inter. "Faire une loi pour une loi, ça n'a pas de sens", a ajouté l'ancien Premier ministre. « Cette annonce est une provocation", a estimé, de son côté, Stéphane Travert, député (Renaissance) de la Manche dans les colonnes du Monde, rappelant que le projet de loi de 2023, durci par LR, comprenait des dispositifs visant à systématiser la préférence nationale qui avaient été largement rejetés par le Conseil constitutionnel. Le RN, de son côté, au contraire, a applaudi. "Plus rien ne peut se faire sans nous au Parlement" s'est félicité lundi sur BFM Jordan Bardella, assurant "attendre" ce nouveau texte "avec impatience". Une position d'arbitre qui a fait bondir la gauche. "Cest une loi pour Marine Le Pen, pour donner des gages à l'extrême droite et permettre à l'extrême droite de voter le budget" a réagi le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure alors qu'au sein du gouvernement Barnier certains ministres se crispent. Ainsi avec cette nouvelle loi immigration, Bruno Retailleau braque le camp Macron. Une ligne de fracture sur un sujet cher à cet ancien villiériste qui mène une bataille culturelle pour imposer ses idées sur l'immigration mais aussi sur la sécurité. Depuis sa nomination, l'ancien président du groupe LR au Sénat multiplie les déclarations clivantes pour occuper l'espace et les esprits au risque de se faire reprendre par le président de la République. Ainsi ces derniers jours, le chef de l'Etat s'est publiquement offusqué d'une phrase choc de Bruno Retailleau : "Comme des millions de Français, je pense que l'immigration n'est pas une chance". Le président s'est par ailleurs permis de rappeler ce que le pays devait à la Polonaise Marie Curie ou à l'Arménien Charles Aznavour. "Est-ce que l'immigration, c'est mauvais ? La réponse est non", avait ajouté le chef de l'Etat dans un entretien diffusé sur France Inter. Selon les informations du Point, Bruno Retailleau devrait rencontrer Emmanuel Macron le 21 octobre lors d'un premier en tête-à-tête à l'Élysée. D'ici là le ministre de l'Intérieur entend bien continuer d'occuper l'espace médiatique. Lors d'un déplacement hier à Nanterre, Bruno Retailleau a ouvert un nouveau dossier celui de la lutte contre le narcobanditisme. Pour cela il a dit souhaiter que la lutte contre le narcotrafic devienne cause nationale et a lancé un appel aux consommateurs "parce que trop souvent, on dit qu'on fume, c'est du récréatif." "Ce que je veux dire, c'est qu'un joint a le goût du sang, il a le goût des larmes. Parce que derrière le joint, la coke ou autres drogues, il y a les réseaux, les mafieux, des gens qui profitent d'autres être humaines, qui s'engraissent, font des fortunes, qui commanditent des crimes, des assassinats de la pire des façons", a-t-il affirmé. Le ministre de l'Intérieur a par ailleurs estimé que la lutte contre le trafic de drogue doit passer par la création d'un parquet national anti-stup, à l'image du Pnat (parquet national antiterroriste). Alors quelle politique pour lutter contre les trafics de drogues ? Le gouvernement Barnier veut une nouvelle loi immigration en 2025, mais où en est l'application de la dernière ? Quelles sont les dispositions défendues par Bruno Retailleau ? Enfin à l'heure où les dirigeants de l'UE vont débattre d'une réforme des règles sur l'immigration lors du sommet qui s'ouvre ce jeudi 17 octobre à Bruxelles. Pourquoi ce projet s'annonce-t-il compliqué ? Les experts : - GUILLAUME DARET - Chef adjoint du service politique - France Télévisions - NATHALIE SCHUCK - Grand reporter - Le Point - MARION MOURGUE - Rédactrice en chef du service politique - Le Parisien-Aujourd'hui en France - Brice TEINTURIER - Directeur de l'institut de sondages IPSOS
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Popularité: 1/517 octobre 2024Durée: 65mnReplay France 5Emissions
Emission: C dans l'air
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